La survie demande de l'habileté [PV : lady Winter]

Il faudrait bientôt penser à changer d'endroit. C'est tout ce dont se préoccupait Fearghal depuis une bonne semaine. Mais la peur de ne pas trouver une aussi bonne place pour camper le retenait dans ce petit carré verdoyant, tout juste proche d'un petit étang, favorisant ainsi la présence de gibier venant s'abreuver. D'après la position du soleil, il devait être un peu plus de midi. Après avoir nettoyé soigneusement les carreaux de son arbalète, l'elfe chargea cette dernière et l'accrocha au crochet fixé sur le ceinturon qui sanglait son dos en oblique. Ceci de sorte à pouvoir dégainer rapidement l'arme en voyant un gibier assez rapide. Un gibier ou... autre chose.
Comme à chaque départ de son petit camp, Fearghal ramassa quelques mousses et fougères afin de recouvrir la toile de peau qui lui servait d'abri. Il arrangea également quelques pierres autour, posa un peu de terre pour y donner un aspect plus naturel. Il n'oublia pas non plus de tasser ses maigres provisions et matériaux utiles dans une besace, enterrée sous un petit tas de boue près de la vase.
Après quoi il partit.

C'est un faisan que le premier carreau atteignit, juste dans l'aile. Le pauvre oiseau chuta d'une dizaine de mètres, se fracassa sur une branche basse et tomba sur l'herbe. Fearghal s'empressa de le ramasser, attacher ses pattes à une cordelette et serrer cette dernière autour de la bride de son sac. Il fallait être rapide dans ces cas-là, car il y avait souvent un prédateur terré tout près, préparé à bondir sur la proie une fois celle-ci à terre.
Encore quelques pas dans les buissons avant d'entendre un bruit. Des bruissements de feuilles. Faibles mais continus. Trop réguliers pour provenir d'un gibier.

La Fille de l'Hiver continuait son voyage ici et là pour continuer ses divers recherches sur tout et rien à la fois, et bien sûr, remplir ses réserves de plantes pour les divers potions et poisons qu'elle concoctait. Trop faire et pas assez habile pour se battre au corps à corps, à contrario de son niveau élevé en magie, un poignard empoisonné, caché, et facile d'accès permettait de sauver sa peau plus de fois qu'elle ne pouvait l'imaginer, accompagné d'un bel effet de surprise. Bien sûr, elle se baladait toujours avec l'antidote dont sa lame était enduite, dans le cas d'un coup donné trop vite et par erreur. Personne n'était à l’abri. C'était donc pour cette raison qu'elle parcourait la forêt Elfique regorgeant de plantes plus utiles les une que les autre pour cet effet.

Après avoir terminé l'inspection du dernier bosquet du coin, elle décida de changer de zone, décidant de prendre un raccourcis à travers les buissons. Ce fut donc de cette manière qu'elle tomba nez à nez avec un Elfe, qui était visiblement occupé à chasser, eu de la proie qui pendait déjà à sa nature.
Cette rencontre étonna la jeune femme, qui ne voyait que très peu d'Elfe tout seul.

"Oh, excusez-moi. J'espère ne pas avoir fait fuir une de vos potentielles proies."

Elle n'en savait rien, après tout ! Elle n'avait certes pas vu le moindre gibier dans les parages, mais elle devait admettre qu'elle ne faisait pas très attention non plus à ce détail à vrai dire ! Ce fut donc tout ce qu'elle trouva à dire face à cette rencontre inattendue.

Fearghal envisagea l'espace d'un instant de grimper dans un arbre pour pouvoir espionner cet individu de manière plus discrète. Néanmoins, il se sentait plutôt détendu. Et effectivement, ce ne fut rien de plus ou de moins qu'une jeune femme qui émergea du bosquet. Elle avait de longs cheveux blancs, de longs rideaux soyeux et brillants. Plus étonnants étaient ses yeux d'un magnifique rouge, à la fois profond et lumineux. On ne savait pas s'il fallait attribuer ces étranges iris au sang, à une rose flamboyante ou à un rubis éclatant.

"Oh, excusez-moi. J'espère ne pas avoir fait fuir une de vos potentielles proies."

L'elfe commençait à comprendre pourquoi les alentours semblaient terriblement calmes et dépeuplés. Cette femme n'avait évidemment aucune connaissance en chasse et faisait fuir le gibier sans se douter qu'il était alerté par le moindre craquement de branche.

-- Eh bien c'est sûr que ma survie en ces bois risque d'être contrariée si vous restez longtemps à gambader ainsi innocemment.

Fearghal accompagna cette phrase d'un sourire cynique. Il avait faim et préférait profiter de rations pour plusieurs jours lorsqu'il s'agissait de changer d'endroit. Car il faudrait s'enfoncer encore plus loin dans la forêt, pour laisser le moins de traces repérables possibles. Il l'avait senti : les quelques traqueurs qui le pistaient depuis quelques jours maintenant. Et ils se rapprochaient. Il faut dire que la souveraineté elfique craignait que la présence d'un "traître" sur leurs terres ne favorise la cohabitation avec des hybrides.

L'elfe répondit, tout en ponctuant sa phrase d'un sourire cynique. La jeune humaine se contenta d'hausser les épaules. Pas qu'elle ne s'y connaissait pas, bien au contraire. Mais elle n'en avait pour le moment que faire du gibier. Donc oui, elle ne faisait pas attention quant au fait de ne pas le faire fuir.

"Si ça peut vous rassurer, je ne compte pas m'éterniser ici. Je suis juste venu ramasser quelques plantes. J'aurai quitté cet endroit d'ici la fin de la journée."

Elle avait pour ainsi dire tout ce qu'il lui fallait. Ne lui manquait plus qu'une ou deux fleurs, accompagné de quelques racines, ce qui ne lui prendrait pas trop de temps à trouver, ayant l'habitude. Il était même fort probable que dans les deux prochaines heures, elle sera de nouveau sur les chemins des Landes d'Argent.
Puis, avisant l'oiseau accroché à la ceinture de l'étranger, elle reprit.

"Toutefois, je vois que vous n'être pas bredouille malgré ma présence."

Et le dernier point était bien entendu qu'elle n'était pas aussi "innocente" qu'elle ne semblait l'être. Mais ça, elle se garda bien d'en faire la remarque. Elle n'était de toute façon pas du genre à se dévoiler au premier inconnu de passage.

Suite au commentaire de l'inconnue, Fearghal tapota distraitement la cordelette qui maintenait sa prise à sa besace. Il se pinça les lèvres comme il le faisait toujours lorsqu'il se trouvait en pleine réflexion. Certes n'était-elle pas venue troubler sa chasse, néanmoins, il n'avait pas l'intention d'attendre la fin de la journée pour faire ses provisions. Il préférait partir au plus tôt. Ainsi, dans un soupir, il lui dit :

-- Dans ce cas, si vous pouviez faire l'effort de ne pas faire autant de bruit qu'une corne de chasse, ça m'arrangerait fort bien, un faisan, c'est bien, mais j'aimerais bien attraper plus gros d'ici le coucher du soleil.

Glissant la corde de son arbalète entre l'index et le pouce, dans le but de vérifier la présence ou non d'un accroc, l'elfe l'empoigna, prêt à tirer et se déplaça de quelques pas. Il tourna ensuite la tête vers la jeune femme.

-- Ceci dit en passant, j'ai horreur qu'on gêne mes activités, et je déteste encore plus qu'on s'en moque.

Il accompagna sa remarque d'un léger sourire en coin.

La Fille de l'Hiver eu un sourire légèrement amusé suite à la remarque de l'Elfe, avant de répondre à son tour.

"Bien entendu que je peux faire cet effort. Je peux même vous y aider, la chasse n'est pas un art inconnu en ce qui me concerne."

Quand on était voyageur, forcément, il fallait bien vivre ! Et la Lady n'était pas vraiment du genre à faire halte dans les villages. De toute façon, elle voyageait à pied, et les distances étaient très étendues entre chacun d'eux. Son sac n'était pas assez grand pour contenir des provisions pour tout le chemin, alors venait inévitablement un moment où elle devait se débrouiller par ses propres moyens. Elle avait donc dû apprendre à pister, et tuer de petites proies. Donc là dessus, elle pouvait aisément apporter sa contribution.

"Bah. Je n'ai pas la prétention de me moquer de qui que ce soit. Après, si vous estimez la présence comme une gêne, il n'en tient qu'à vous. Vous pouvez aussi bien accepter que refuser."

D'autant plus que oui, elle pouvait aider, mais face à un Elfe, ce dernier serait sûrement plus efficace dans le domaine ! Si la demoiselle savait se débrouiller, elle ne pouvait de toute évidence pas réaliser avec un être ayant grandit dans cette nature.

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